Je suis rentré hier de deux semaines d’entrainement intensif sur les deux bassins de Pau, le Stade d’Eaux Vives et le Pont d’Espagne, sur lesquels auront lieu les sélections 2014. Lundi a commencé le stage interpôles -23 ans. Dernier regroupement avant les mondiaux et les sélections, l’objectif de ce stage était de travailler sur les bassins des sélections et de rentrer de plain-pied dans la préparation terminale avec de nombreux chronos et la présence d’une concurrence relevée. J’ai eu beaucoup de difficultés sur les premiers chronos de la semaine, particulièrement au Pont d’Espagne. Mais mercredi les choses se sont mises en place et je peux sortir satisfait de ce stage.
Malheureusement, nous avons fait un foot mercredi après midi, et mon genou (déjà blessé en novembre) n’a pas apprécié l’épreuve. Je suis donc rentré à Rennes prématurément, sans finir le stage, pour me soigner et prendre du repos. Rien de grave heureusement, mais des examens sont prévus en début de semaine prochaine pour s’en assurer. Je ne pourrai probablement pas courir pendant quelques semaines, mais je devrai pouvoir reprendre le bateau dès la semaine prochaine, donc pas d’inquiétude à avoir.
Je profite de la N1 de Lannion pour donner quelques nouvelles. Cette course était assez importante à mes yeux, pas tant en termes de résultats qu’en termes de réglages. En effet, les championnats du monde -23 arrivent à grande vitesse, et il faut maintenant affiner la préparation. Après 6 mois de développement physique, technique, mental, nous entrons maintenant dans la deuxième partie de saison, la période de compétitions.
J’ai donc cherché, sur ces 4 manches, plusieurs choses. D’abord, l’objectif était de sortir 4 bonnes manches et de confirmer ainsi les bons chronos réalisés sur les courses de Lannion (régionale) et de Saint Brieuc (N2) le mois dernier. Ensuite, je voulais voir où j’en suis dans ma préparation mentale : est-ce que je suis prêt à performer lorsque j’ai la pression ? Enfin, c’était surtout l’occasion de vérifier que le travail des 6 derniers mois avait payé.
2 jours plus tard, je pense pouvoir répondre à ces questions. Déjà, je peux dire sans aucun doute que le premier objectif (réaliser 4 bonnes manches) est rempli. Je remporte 3 des 4 courses, avec aucune grosse erreur. Par contre, je ne pose qu’une manche sans pénalité, et c’est bien là dessus qu’il faudra travailler. Les chronos sont très bons, même si j’ai vu mes limites sur la dernière course où Thibault Vieillard réalise un excellent chrono qui, je pense, était accessible mais exigeait une course parfaite. Cela amène la deuxième question : suis-je prêt à performer quand il le faut ? Je connaissais le chrono de Thibault avant mon départ, et je savais que je n’aurais pas le droit à l’erreur. La manche est très bonne jusqu’au dernier stop où j’arrive assez bas, et que je touche en plus. Le problème est clairement mental, je n’étais pas assez solide pour finir cette manche, alors qu’il ne restait que quelques mètres à parcourir. Là encore, ce n’est pas très inquiétant à ce moment de la saison, mais cela confirme qu’il est temps de s’attaquer à la préparation de course. Pour finir, a-t-on travaillé dans la bonne direction ? Clairement, au vu des chronos, du ressenti, et de la régularité, je peux dire que c’est le cas. J’étais incapable de produire 4 manches comme ça cet été. C’est donc une excellente nouvelle. J’ai progressé physiquement et techniquement, peut être plus que je ne l’avais envisagé même.
Maintenant, on attaque la préparation finale. Le matos est neuf, le moral est bon, je pars donc mercredi pour 3 semaines d’entraînement à Pau afin de préparer les piges, qui restent l’objectif numéro 1.
Hier avait lieu à Lannion un sélectif régional. C’était pour moi le premier d’une série de 6 compétitions préparatoires aux championnats du monde. Les autres compétitions auxquelles je participerai sont :
9 février : Sélectif régional à Cergy Pontoise
16 février : N3 à Cesson
23 février : N2 à St Brieuc
2 mars : N1 à Lannion
5 avril : N1 à Metz
Ces 6 compétitions ont pour objectif principal de monter en puissance vers les championnats du monde. Elles ont aussi pour objectif de tester le matériel (mon nouveau bateau arrivera à lannion), effectuer des réglages techniques, caler le protocole de course, et me mettre en confiance.
La course d’hier a bien entamé cette série, puisque je remporte les 2 manches devant le local Simon Le Friec. Nous nous sommes mutuellement mis la pression, et les courses ont vraiment pris la forme d’un duel. Je réalise une bonne manche de qualification, sans trop d’engagement physique. Le parcours était simple, et nous avions décidé avec Anne de privilégier la glisse. Je prends 18 centièmes d’avance sur Simon. Toutefois, la manche était encore un peu brouillon techniquement, et parfois la prise de risque trop élevée par rapport à l’enjeu. En finale, je fais une manche plus engagée. J’étais en confiance au départ, dans ce genre de moments où tu sais qu’il ne peut rien t’arriver. Je remporte cette fois la course avec 3 secondes d’avance.
Nous avons aussi couru en C2 avec mon frangin. Pour la première fois depuis mai dernier, nous remontions en biplace, et il faut bien avouer que nous y avons pris beaucoup de plaisir. Nous prenons la 2e place en finale, à cause d’une pénalité.
En tout cas, un beau week end, du soleil, de l’eau, des températures clémentes et une organisation rodée… Rien à redire. Le plaisir, aussi, de partager un moment avec le club.
Sportivement, j’en tire plusieurs constats :
Mon organisation personnelle est encore loin d’être rigoureuse. Le protocole de course n’a pas été respecté, et les moments d’analyse ont été très courts. Il y a du boulot là dessus.
Physiquement, le travail foncier et musculaire de septembre à janvier a vraiment payé. C’est la vraie satisfaction du week end.
Techniquement, je vois que je suis capable de réaliser 2 manches propres et rapides sur un parcours simples. Mais le parcours des mondiaux ne sera certainement pas aussi simple, d’autant que le bassin est bien plus exigeant. Il y a là aussi beaucoup de travail à réaliser. Mais c’était « prévu », en ce sens que nous entrons cette semaine dans le bloc « développement-technique », qui succède au bloc « développement-force ». Ce bloc durera plusieurs semaines, et sera suivi du bloc « préparation de course ».
Autre motif de satisfaction : pas de touche sur les 2 manches. Le physique et les pénalités sont mes 2 principaux points faibles depuis plusieurs années, et les progrès que je constate sont vraiment de bonne augure.
Mentalement, j’étais en confiance et c’est là aussi bon signe. Mais évidemment, ça ne veut pas dire grand chose sur une course sans enjeu, et cela surtout l’objet de mon attention lors des prochaines compétitions.
Je mettrai la vidéo de la finale dès que je l’aurai récupérée.
Lundi, nous apprenions tous avec stupeur la nouvelle. Evence Granger a mis fin à ses jours. Beaucoup d’incompréhension. Beaucoup de douleur. Chez les kayakistes, chez ses amis, chez ses proches. Personne n’oubliera ton sourire, ta gentillesse et ta disponibilité. Pour ma part, je n’oublierai jamais nos débats enflammés sur le sport, la performance, la passion et la réussite durant ces piges 2012. Tes conseils resteront gravés au plus profond de moi.
Aujourd’hui, championnats de Bretagne. Malgré une douleur au genou datant de mardi, qui m’empêchait de naviguer, j’ai pris le départ du championnat individuel ce dimanche. Autant le dire tout de suite, le résultat est décevant. Énormément de pénalités en première manche (+100), beaucoup aussi en 2e manche (+6). On pourrait dire, week end à oublier.
Mais il y a quand même des points positifs.
Alors que je suis en période de développement, et que j’étais bien mal en point le samedi ; je me suis senti plus endurant, plus puissant qu’à la même période l’an passé, même mieux que pendant les championnats du monde cet été. Par ailleurs, la période hivernale est une période de tests, de réglages. Je suis donc parti avec l’envie de tester de nouvelles choses (en première manche, passer très près des piquets ; en 2e, aller vite sans prendre autant de risques), et avec la conscience que ça pouvait ne pas marcher. Ce n’est donc pas une surprise, juste une déception. Cela montre surtout mon gros point faible, c’est-à-dire la précision. Particulièrement quand je veux aller vite. La gestion des piquets sera donc un enjeu pour avril.
Au final, si le bilan est frustrant, je ne regrette pas d’avoir couru.
Ce week end a lieu la finale du championnat de France N1, à Nancy. C’est pour moi surtout l’occasion d’évaluer mon niveau actuel, même si ce n’est pas vraiment la période où je suis prêt à performer. C’est aussi l’occasion de prendre de l’expérience, de faire mes premiers pas dans la cour des grands. J’ai couru aujourd’hui les qualifications, et je suis sélectionné pour la demi-finale. Je n’ai pas très bien navigué, mais je m’y attendais après avoir passé une grosse semaine d’entrainement à Sault Brenaz (01). Donc demain matin, rendez-vous pour la demi-finale et pour aller cherche une place dans les dix finalistes.
Mais aujourd’hui avait surtout lieu la réunion de présentation de la sélection -23ans 2014. J’ai donc le plaisir de vous annoncer que je suis sélectionné, ainsi que mon partenaire d’entrainement au pôle France de Cesson, Kilian Foulon, pour les championnats du monde -23 ans qui se dérouleront en avril à Penrith (Australie). La direction sportive nationale a décidé d’emmener une équipe très réduite : nous ne serons que 6 bateaux à défendre les couleurs de la France.
Après un mois de juillet très chargé, je suis parti la semaine dernière pour Ljubljana en Slovénie pour participer à ma première coupe du monde senior. C’était donc pour moi l’occasion de venir chercher de l’expérience au contact des meilleurs mondiaux, et de voir où je me situe.
Le bassin de Ljubljana-Tacen est un des plus durs du circuit, mais avec le parcours qui a été tracé pour cette 4e étape du circuit, cela devenait de loin le parcours le plus exigeant que j’aie eu à réaliser cette année. Je prends une 13e place en 1e manche très satisfaisante, malgré une touche. La 2e manche se présentait bien, mais dès la chute du départ, particulièrement difficile, je perds trop de temps pour prétendre à une place dans les 15 premiers, et je suis relégué à la 23e place. C’est suffisant toutefois pour courir la demi-finale.
Le lendemain, le parcours a changé et est encore plus dur. Je me sentais bien au départ, tant physiquement que mentalement. Mais si le début du parcours et les grosses difficultés passent bien, c’est à partir de la porte 3 que les choses se gâtent, et j’accumule les erreurs coûteuses jusqu’à la fin. Au final, je serai 26e, très loin de la finale.
Le bilan reste positif, puisque j’ai eu l’occasion de naviguer au contact des plus grands, sur un bassin de classe internationale, et j’aurai beaucoup appris de cette expérience. Je prends maintenant une semaine de repos complet avant de repartir progressivement à l’entrainement pour la saison prochaine.
Deux semaines après mon second titre mondial à Mikulas, je remporte aujourd’hui le championnat d’Europe junior ! Après un parcours pour le moins mouvementé en qualifications et surtout en demi-finales, je réalise une belle manche de finale, beaucoup de petites erreurs au début mais rapide sur la fin, et prend la tête malgré deux secondes de pénalités. Place maintenant aux courses par équipes !
Deux jours après les championnats du monde, il est temps de faire un bilan.
Le résultat est conforme aux objectifs : 2 médailles dont un titre de champion du monde individuel. Je pense qu’on a bien travaillé pour aller chercher ce résultat, en passant beaucoup de temps en analyse et en préparation. Les mots clés étaient : rigueur durant l’ensemble de la compétition, concentration optimale et montée en puissance jusqu’à la finale. Parallèlement, trois points avaient été retenus pour réussir une performance : être solide sur l’eau (c’est-à-dire que chaque appui devait être efficace, qu’il ne devait pas y avoir de place à l’erreur de gîte ou de pagaie), réaliser des changements de rythme (temporiser avant les figures clés, relancer après chaque figure) et enfin être précis (contrôler les pointes avant et arrière, le positionnement de la pagaie et du corps vis-à-vis des piquets…).
Le championnat s’est déroulé de façon idéale. Après une première manche de qualification difficile, où je réalise un bon temps avec deux pénalités, nous parvenons à réajuster le tir pour aller chercher une manche propre, sans grosse erreur et surtout à zéro de pénalité. Une bonne mise en route, et surtout une mise en confiance essentielle pour la suite. En demi-finale, la pression était très forte. Je suis dans un faux rythme, peu engagé. Le résultat s’en ressent : je suis 4e avec +4 de pénalités. Mais finalement, ce n’est pas plus mal : je suis en finale, je ne pars pas dernier de cette finale, et j’ai une grosse base de travail. Le soir de la demi-finale je dors mal, et je me réveille le lendemain avec une violente douleur dans le haut du dos. Je passerais une bonne partie de la journée chez les kinés. C’est seulement à 23h que la douleur disparaît.
Le lendemain, les conditions de courses ont beaucoup évolué : le vent s’est levé et les portes bougent jusqu’à 30-40 cm parfois. Il faut dès lors modifier la stratégie de course. Ce sera une manche simple, en milieu de portes, pas de prises de risque. Je décide même de placer une inversion à la porte 7 pour assurer un passage difficile. Jusqu’à la dernière porte, la manche se déroulera comme prévue, malgré mes craintes. En effet, je me sentais au point physiquement, solide techniquement, et je savais que tout allait se jouer au mental. Mais les évolutions dans le protocole d’échauffement et le travail que nous avons réalisé avec Anne m’a rendu suffisamment confiant pour aborder la course au mieux. Ce sera donc une manche propre, pas très rapide mais sans pénalité (ce qui m’arrive rarement). Et le résultat ne se fait pas attendre : je remporte le championnat du monde avec près de 5 secondes d’avance sur le deuxième, Lucas Rohan, qui prend 4 secondes de pénalité. Je tiens d’ailleurs à le féliciter pour sa prouesse : après avoir remporté le championnat du monde -23ans en canoë biplace, il obtient une 2e place très méritée en C1 junior.
Comme l’année passée, je dois vite me re-concentrer pour courir la course par équipe avec mes coéquipiers Erwan Marchais (champion de France 2013) et Julian Othenin-Girard (champion de France 2012). J’ai déjà vécu cette expérience en 2012, et nous avons remporté la course. Mais cette fois, les conditions sont différentes. Il est peut être un peu tôt pour tirer les bonnes conclusions, mais je pense que nous avons beaucoup souffert de notre manque de préparation et surtout de notre manque de concentration avant la course. J’en suis en grande partie responsable, puisque je n’ai pas su mettre de côté l’émotion de la victoire individuelle. J’étais sur un nuage. Quoiqu’il en soit, nous accumulons chacun les erreurs, plus ou moins graves, pour arriver en bas en 3e position derrière deux belles équipes (la Slovaquie et l’Allemagne). Ce sera donc une médaille de bronze.
Ce résultat assez décevant, étant donné le niveau de l’équipe, permet en tout cas à mes yeux de faire le contraste entre la préparation de la course individuelle et la préparation de la course par équipe. Le travail par équipe a été très limité : tout au plus 3 séances en commun, sans être au top de la concentration ; alors que le travail réalisé toute l’année avec Anne a été efficace : nous nous connaissions suffisamment bien pour que les analyses de parcours se déroulent rapidement et facilement, pour qu’elle sache me mettre en confiance et me corriger quand je suis dans l’erreur, et enfin pour savoir ce dont j’avais besoin pour remporter ce championnat.
Si je suis à présent à Bourg Saint Maurice pour préparer les championnats d’Europe, il n’en reste pas moins que je pense avoir réalisé mon double projet avec succès en passant en 2e année et en conservant mon titre. Néanmoins, le chemin à parcourir dans les années à venir est encore long, et je compte bien tirer les leçons des réussites comme des échecs pour aller au plus haut niveau. Et en premier lieu, je dois maintenant surmonter mes difficultés sur ce bassin extrêmement exigeant de Bourg Saint Maurice pour enfin y réaliser une performance.
Cédric Joly 